Certains bébés ont des crises de pleurs régulières, tous les soirs les premiers mois, et cette situation est pénible et déstabilisante pour les parents. Ils se sentent impuissants à calmer leur bébé, et à en comprendre les raisons. Est-ce votre cas ?
Alors voilà quelques pistes de réflexion qui, j’espère, pourront vous aider à mieux comprendre et moins vous inquiéter, à être moins stressée par ces pleurs et surtout à déculpabiliser .
D’abord, vous n’êtes pas seuls !
Cette situation est si fréquente que beaucoup de spécialistes se sont penchés sur la question. Différentes hypothèses ont été en vogue selon les périodes. Le plus probable est que plusieurs facteurs rentrent en jeu.
On a souvent évoqué le fait que l’approche de la nuit réveillerait les terreurs anciennes que les humains ont affronté tous les soirs depuis la nuit des temps . Chaque soir apportait la peur des bêtes sauvages. Encore à l’heure actuelle, beaucoup d’adultes craignent la nuit, malgré les immenses progrès de sécurité, et surtout depuis l’invention de l’électricité. Même si certains aiment vivre la nuit, en tant qu’espèce nous ne sommes définitivement pas des animaux nocturnes.
Les nouveau-nés sont dans l’incapacité de se raisonner, de réguler leurs émotions.
Leur cerveau reptilien (la partie du cerveau qui organise nos réflexes de survie) est proportionnellement plus développé, très sensible aux moments de stress.
Dans un sens, heureusement leurs cris sont là pour nous mettre en alerte, en vigilance…
Une autre hypothèse, plus facile à admettre, est que, le soir, …..ils craquent d’avoir trop « travaillé » toute la journée ! C’est ce qu’on appelle des pleurs de décharge.
En effet, bien qu’ils dorment encore beaucoup dans la journée les 2-3 premiers mois, c’est pendant le jour que les bébés apprennent le plus, travaillent le plus. Savez-vous qu‘ils fabriquent 1,8 million de connections entre leurs neurones par seconde, à la fin de la grossesse et les premiers mois de vie ? Travail colossal !
De plus, en fin de journée, les frères et soeurs de votre bébé si il en a, reviennent de l’école et sollicitent encore son attention, ses apprentissages, alors qu’il est déjà fatigué ! Les pleurs du soir sont probablement souvent dus au trop-plein de sollicitations, de fatigue nerveuse, comme si il n’en pouvait plus, s’il « craquait »..
Autre hypothèse encore, c’est aussi le moment où les mamans, encore en congé maternité dans nos pays, ont hâte d’être relayées par le papa à son retour du travail. La plupart trouvent la journée longue et fatigante surtout si elles sont isolées, seules, et si elles accumulent la fatigue de mauvaises nuits. Loin de moi l’idée de culpabiliser les mamans, mais il est probable que le bébé sente la tension, la fatigue de sa maman.
Sans compter que les jeunes parents eux aussi, peuvent craindre l’arrivée d’une nouvelle nuit, non pas à cause des bêtes sauvages, mais parce qu’ils anticipent un sommeil entrecoupé, encore une mauvaise nuit, et là aussi, le bébé sent cette inquiétude, cette appréhension.
Enfin, pauvres papas, dont les bébés se mettent à pleurer dès qu’ils rentrent du travail, alors qu’ils voudraient tellement profiter sereinement de leur nouvelle petite famille, et ont hâte de retrouver Maman et Bébé ! Beaucoup en viennent à penser que c’est eux qui font pleurer leur bébé…et bien, oui et non !.. Je pense que l’arrivée du Papa fait que Maman n’est plus occupée seulement du bébé, elle parle à quelqu’un d’autre, s’intéresse à quelqu’un d’autre, et le bébé, qui a absolument besoin qu’elle soit entièrement consacrée à lui, le sent…
Les frères et soeurs aussi, s’il en a, captent le soir tellement d’attention et de soins de la part de la maman, ce qui rompt la belle harmonie fusionnelle à 2 qu’il avait le reste de la journée.
Alors, en pratique, comment faire ?
Comme toujours avec les bébés, il n’y a pas de recette miracle.
Le fait de mieux comprendre permet de ne plus seulement s’inquiéter d’un problème physique, de ne plus penser tout de suite que le bébé a mal quelquepart ; si dans la journée tout allait bien, si votre bébé était calme, a bu, joué, dormi normalement, et surtout si c’est tous les soirs, ne vous inquiétez pas.
Oubliez l’idée que votre bébé « vous en fait voir », (il est incapable pour longtemps de ce genre d’intention..), et rassurez le Papa, ce n’est pas que le bébé le rejette. Au contraire, si Papa prend en charge la situation, lui parle doucement, le berce, en supportant les pleurs sans stresser, il sera d’une grande aide pour la Maman et votre bébé apprendra qu’il y a d’autres bras rassurants que ceux de Maman.
Plus vous serez zen devant ces pleurs inexpliqués, mieux ce moment se passera. Hum ! plus facile à dire qu’à faire ! Quelques respirations profondes vous aideront vraiment…
Dans tous les cas, il est rare que ça dure plus que quelques semaines.
Donc bercez-le, promenez-le, mettez de la musique, en tous cas gardez-le près de vous et de la famille, portez-le en écharpe si vous pouvez, c’est le mieux, ou en porte-bébé pour qu’il se sente le plus possible rassuré ; si vous l’allaitez, mettez-le au sein dans un endroit calme si possible, rassurez-le, chantez. Ce sont des moments où les tétines peuvent être une vraie aide, en attendant qu’il puisse attraper ses doigts et les sucer, vers 3 mois.
C’est peut-être à ce moment-là que vous pourriez donner le bain ? Il a souvent un effet calmant, relaxant sur un bébé énervé. Si le papa prend en charge la situation, profitez-en pour vous relaxer, prendre une bonne douche chaude, aller marcher un moment, bref vous cocooner, mais surtout ne stressez pas et ne vous culpabilisez pas de ne pas réussir à le calmer, ça ne fait pas de vous une mauvaise mère !
J’espère que cet article vous aura donné quelques pistes pour supporter cette difficulté. Dites-moi en commentaire ce que vous en pensez, si vous avez vécu cette situation et quelles solutions vous aviez trouvé.
A bientôt !
Martine de Vigan