La Naissance des Mamans

La Naissance des Mamans

Pour chaque bébé qui nait, une maman nait aussi !

Je vous accompagne les premières années de votre enfant, pour mieux le comprendre, instaurer une relation de qualité et vivre ces années si importantes  avec sérénité et confiance en vous

Les tout-petits et la douleur

C’est une chose vraiment difficile pour les parents d’affronter la douleur d’un tout-petit les 3 ou 4 premières années.

On tendance soit à penser qu’ils souffrent dès qu’ils pleurent, soit à minimiser la douleur en leur disant « ce n’est rien », « c’est fini » ou même « mais non, tu n’as pas mal »…

Hors à tout âge, il est impossible de juger la douleur de quelqu’un d’autre… Et les tout-petits réagissent de façon particulière à la douleur, c’est pourquoi on a longtemps pensé que les bébés ne ressentaient pas la douleur car leur système nerveux n’était pas assez développé !!!

Comment évaluer la douleur chez un bébé ou un tout-petit ?

M. a 2 ans 3 mois. Le lendemain d’un vaccin, il refuse de se mettre debout. La pédiatre avait prévenu sa maman qu’avec ce vaccin, il pouvait avoir des courbatures, entre autres aux jambes..

Impossible de juger le niveau de douleur des tout-petits. Il leur faut du temps pour connaitre leur corps. Savoir évaluer soi-même l’importance de sa douleur, et mettre des mots dessus, ça prend du temps !

Une des façons pour vous, maman, de l’évaluer, est de distraire l’enfant par quelquechose qu’il aime faire. Ou de faire un petit massage des zones possiblement douloureuses, en partant de loin et en vous rapprochant peu à peu de la zone sensible.

Quand une douleur est forte, les petits enfants réagissent toujours par le « retrait« .

Ils vont juste essayer de ne pas déclencher la douleur, entre autre si elle est accentuée par le mouvement. (Si vous avez un chien ou un chat, ils font la même chose instinctivement).

Et souvent, contrairement à ce qu’on pense, une douleur très forte les fait plutôt « geindre » que pleurer fort, toujours à cause du retrait et de l’instinct de protection ..

On a vu parfois des enfants ayant le bras cassé, ne pas pleurer sauf si on leur bouge le bras. Simplement, ils gardent le membre immobile et ne s’en servent pas.

Si par ex. vous remarquez que votre enfant ne bouge pas son bras, tendez-lui un jouet qu’il adore de ce côté-là pour voir sa réaction…C’est souvent en remarquant qu’un bébé ne bouge pas son bras par ex., et qu’il est « grognon », qu’il fuit l’agitation des autres par ex à la crèche, qu’on va pouvoir repérer une entorse, ou une fracture chez un tout-petit.

S’il a mal à une jambe, il va refuser totalement de se mettre en appui debout. Selon son âge, il ne pensera pas forcément qu’il peut poser un des pieds, il refusera tout net de se mettre debout..

Pendant plusieurs années; ils ne peuvent pas toujours montrer l’endroit où ils ont mal. Ça peut être parce que la douleur est diffuse, mal localisée, c’est le cas des courbatures, des douleurs de croissance. Quand la douleur est passée, ou qu’il ne reste plus trace visible, ils se trompent souvent de coté.

Une douleur forte peut aussi provoquer une pâleur, les traits du visage sont figés, crispés, plus rien ne le fait rire…

Par ailleurs, certains enfants (et parfois même grands) appréhendent tellement un mouvement qui a été douloureux, qu’ils peuvent mettre plusieurs jours avant de l’oublier. C’est surtout fréquent entre 1 et 4 ans. Par ex., un bobo au pied peut les faire boiter pendant plusieurs jours. Ce n’est pas de la comédie, c’est qu’ils ont peur d’appuyer le pied et de déclencher la douleur. Si vous êtes sûre qu’il n’a plus de raison d’avoir mal, seule la distraction vous montrera s’il boite encore ou non..

En tous cas, un enfant qui refuse pendant plusieurs heures, et malgré la distraction, de poser le pied par terre ou de bouger le bras, doit absolument être examiné. Cela à cause des fractures spécifiques de l’enfant (en « bois vert »), et des infections virales et surtout bactériennes des articulations(arthrites infectieuses) Elles nécessitent un traitement, voire une immobilisation, c’est parfois une vraie urgence en cas d’atteinte bactérienne, pour qu’il n’y ait pas de séquelles sur l’articulation.

Ces douleurs-là ne passent pas avec du Paracetamol, elles diminuent parfois à l’immobilisation et au repos.

Situer la douleur dans le temps, plus mal, moins mal qu’hier ou que ce matin ? C’est une vraie difficulté pour les parents

Les tout-petits n’ont pas la notion du pourquoi d’une douleur et ne peuvent pas anticiper que « ça va passer » et en combien de temps.

De plus, pendant 3-4 ans, il ne font pas la différence entre un bobo actuel ou un passé. Si on leur demande « tu t’es fait mal ? », ils peuvent répondre oui de bonne foi…et puis en parlant on s’aperçoit qu’ils parlent du bobo de la semaine derniere !

Quand je travaillais en crèche, les enfants savaient très bien qui j’étais et que je m’occupais des « bobos ». Un jour, une maman du groupe des 2-3 ans, me demande : » pourquoi, quand vous entrez dans la pièce, les enfants font tous des drôles de mouvements des bras « ? .. .effectivement, pour attirer mon attention, chacun voulait me montrer son bobo, celui actuel ou celui d’avant….mais cherchait et souvent ne le retrouvait plus.

Le seul signe pour vous que la douleur a diminué, c’est son attitude, éventuellement ses mouvements et positions, s’il rit et mange volontiers, se laisse distraire plus facilement, se réveille moins souvent.

Localiser la douleur : « Où as-tu mal ? Montre-moi ! »

Les petits enfants ont souvent une vraie difficulté à localiser leur douleur, d’où la méfiance des adultes « tu vois, tu ne sais même pas dire où tu as mal », façon de nier leur douleur.

C’est plus facile bien sûrde situer leur douleur s’il y a une blessure visible. C’est l’intérêt mais aussi le problème des sparadraps.

Il est très difficile pour les parents, d’évaluer à quel stade il en est dans la connaissance de son schéma corporel.

Dans mon exemple, M. avait encore sur chaque cuisse le sparadrap mis par le médecin la veille. Quand j’ai voulu lui enlever, il n’a d’abord pas voulu que j’y touche. Il m’a fallu jouer avec les doigts le long de sa jambe. Puis il a accepté de toucher lui-même l’un des cotés, bien guéri. Par contre, quand il a vu la rougeur sur l’autre jambe, il s’est remis à se plaindre et chouiner…là c’est la vue qui a declenché sa peur. Je l’ai fait participer à appliquer une compresse d’alcool. Il avait peur et riait de nos jeux mais riait jaune d’abord, à la sensation de froid, sans appuyer. Ensuite il a accepté qu’on appuie un peu ensemble, puis lui tout seul.

Il est nécessaire que l’enfant se sente respecté dans ce qu’il ressent, mais en même temps, il faut que peu à peu il apprenne à dissocier ses sensations réelles de la vue et de son appréhension. C’est en tâtonnant, en essayant de voir si  » le bobo est parti », est fini. Est-ce qu’il est encore la ? Tout petit ou un peu gros ?

En touchant par jeu differents endroits de sa jambe, en partant de loin du bobo, on a pu se rapprocher, et delimiter la zone douloureuse très précisément. Il a pu réaliser la différence entre sentir quelquechose de désagréable, et une vraie douleur handicapante.

La notion d’intégrité physique, d’unicité du corps n’est pas acquise chez tous aussi vite…

Pendant plusieurs années (souvent 4-5 ans), les enfants ne sont pas encore sûrs que leur corps est « un », ne peut pas se casser, se morceler.

C’est un âge où existe une vraie méconnaissance, voire inquiétude sur l’integrité physique

Attention donc aux mots employés…

par ex….un bras ou une jambe cassés, c’est l’os dedans et non la jambe qui est cassée.

L’expression  » y a rien de cassé » donc ce n’est pas grave, leur suggère qu’on peut se casser.

Hors dans leur experience, quand un jouet ou un objet est cassé, il en manque un bout, ou en tout cas il n’est plus « entier », et parfois on le jette….

Votre enfant n’a pas les mêmes inquiétudes que vous..

Quand votre enfant souffre, votre coeur de maman est franchement mal, et votre inquietude, voire votre culpabilité peut être grande si vous n’arrivez pas à le soulager. Vous pouvez aussi être réellement inquiète pour l’avenir.

Mais n’oubliez pas que pendant longtemps, mais surtout les 3 premieres années, votre enfant vit dans le présent.

Il n’est pas inquiet de l’avenir, ni nostalgique du passé. Son inquietude est en reflet de la vôtre, très transmissible.

Et s’il est normal d’être stressé(e) par l’hospitalisation d’un bébé, quelqu’en soit la cause, dites-vous qu’il ne le vit pas du tout comme vous. A part la douleur et la séparation eventuelle d’avec vous ou son papa, il s’habitue vite au lieu nouveau, à un nouvel environnement, si les gens sont souriants et doux et qu’il ne souffre pas trop.

Il ne peut pas anticiper l’opération du lendemain, ni la durée de l’hospitalisation.

Le plus difficile est entre 1 et 2 ans, quand il ne peut pas parler ou poser des questions, et surtout si on est obligé de l’immobiliser complètement. Mais, même comme ça, on est souvent surpris de leur tolérance à l’immobilité.. Tant qu’ils ne vont pas bien, ils ne réclament pas de bouger. Et c’est un signe positif s’ils commencent à reclamer de sortir au jardin ou d’aller courir dans le couloir.

Là encore ce qui le protège, c’est de vivre dans l’instant présent, sans l’angoisse de « comment je vais faire demain » ? « Combien de temps ça va durer « ? Il ne peut pas mesurer s’il a plus mal qu’hier ou la semaine dernière ou si ça va mieux !

Il n’est ni dans la nostalgie d’avant, ni dans l’angoisse du futur, quelle chance !


Partagez-nous en commentaire votre expérience dans ce domaine, c’est toujours intéressant de partager votre vecu de certaines situations !

A bientôt,

Martine de Vigan

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