« Il m’a fait une de ces colères » !
C’est une expression courante, et pourtant….non, votre bébé ne « VOUS » fait pas une colère, il réagit de façon incontrôlée à une situation, mais jamais contre vous, même s’il se débat ou essaye de vous taper !
C’est une des situtations difficiles avec les petits de 1 à 4 ans environ. La colère peut les envahir de façon brutale, et tellement forte qu’on en reste sidéré.
Du coup c’est compliqué de trouver l’attitude qui va l’aider à s’apaiser.
Et les raisons de ses colères vont évoluer au cours du temps ; vous devrez sans cesse adapter votre réaction. Comme toujours avec les petits, il n’y a pas une recette magique, tout change tout le temps et c’est différent avec chaque enfant.
Dans cet article, je vous propose quelques pistes de réflexion et quelques outils pour améliorer ces moments pour vous et votre enfant.
Pourquoi supportons-nous si mal les colères des enfants ?
La difficulté principale pour vous mamans (ou papas) est que vous avez si peu de temps, la colère de votre enfant fait irruption dans votre quotidien chargé, minuté, et vous demande une adaptation immédiate qui rajoute à votre fatigue.
De plus, dans nos sociétés, la colère est particulièrement réfrénée et interdite ! C’est une des émotions qu’on a le plus appris à refouler, à ne jamais montrer !
La colère du petit enfant nous ramène à notre enfance à nous et aux interdits qu’on a appris, aux punitions qu’on a subies. Il est donc normal qu’elle nous mette en difficulté, qu’elle provoque le plus souvent aussi chez les adultes des réactions fortes, …..de colère !
Avez-vous remarqué que souvent, la colère d’un petit enfant nous met en colère à notre tour, et que nous, adultes, nous sommes en difficulté pour y réagir avec patience et calme.
Beaucoup des adultes ont eu des parents qui leur ont crié dessus tellement souvent ! Du coup, cette position où l’autre crie et se met en colère nous est familière mais très désagréable.
Elle réveille le petit enfant en nous et ses colères réprimées, sa culpabilité, comme si les rôles étaient inversés. Les cris de notre enfant nous sont insupportables, comme si c’était lui le parent qui nous crie après.
D’où le fait qu’on puisse penser que sa colère est contre nous, qu’il nous en veut, qu’on est la méchante (ou le méchant)….et comme c’est injuste, ça nous met en colère...cercle vivieux que seul l’adulte peut stopper, pas l’enfant !
Pourtant, il faut très longtemps pour que votre bébé vous en veuille vraiment de quelquechose !
Ça n’arrivera que quand il aura suffisamment de distanciation, vers 3-4 ans, et qu’il pourra dire : « tu es méchante » ! Ce qui ne veut pas dire que vous êtes méchante, mais seulement qu’il ne comprend pas votre décision et surtout votre intention. Il ne comprend pas non plus pourquoi c’est vous qui décidez de choses qui le concernent !
Il ne comprend pas que vous ne sentiez pas la même chose que lui. Il faut pour ça qu’il ait intégrer que vous et lui êtes 2 personnes distinctes, avec des volontés, des idées, des réactions différentes.
De plus, les enfants , souvent jusque vers 10 ans, ne se « voient » pas enfants, en tous cas ils ne se sentent pas differents de vous.
Quelle réaction avoir ?
La réaction habituelle est de punir l’enfant, ou de l’envoyer dans une autre pièce. Bien sûr il faut que peu à peu il comprenne que vous ne pouvez pas accepter qu’il hurle, ou qu’il casse tout ce qui lui tombe sous la main !
Mais votre tout-petit a absolument besoin justement dans ces moments-là, de sentir que vous l’aimez encore quand il est en colère, que vous n’allez pas le mettre de coté, l’abandonner, ne plus l’aimer.
Alors comment faire ?
D’abord respirer, pour contrôler vos émotions à vous, car comment demander à un enfant de se calmer quand soi-même on ne se contrôle plus ?
Comment lui apprendre à s’apaiser quand soi-même on est en boucle sur sa propre colère ?
Il me semble que ça peut être une aide de penser la colère comme une douleur, qu’elle est réellement d’ailleurs.
Faites comme s’il s’était fait mal, ça peut vous aider à ne pas vous énerver et sortir de vos gonds à votre tour. Vous pouvez pour vous y aider au début, mettre ce principe en mots, et dire : « ta colère te fait mal », « est-ce que ta colère te fait très mal ? », de la même façon que vous dites : « tu t’es fait un gros bobo ou un petit bobo ? »
Plutôt que l’exclure, le mettre à part, seul, proposez-lui de se mettre avec vous à l’écart si vous êtes avec d’autres personnes.
Et proposez–lui un câlin, (oui, vraiment ! un câlin !!!) éventuellement sans mots, juste en ouvrant les bras, signe que vous accueillez son émotion comme une douleur, comme quand il se fait mal.
Ça ne sert à rien de lui demander de s’arrêter, il ne vous entend pas, il ne sait plus où il est, souvent il en sort hagard, et peut même oublier ce qui a déclenché ce cataclysme !
S’il refuse, restez à côté, votre présence confiante est la chose qui peut l’apaiser.
Ses émotions fortes, et entre autre la colère, qui rend violent et destructeur est effrayante pour lui d’abord.
C’est normal d’être en colère !
Comme d’être triste ou joyeux. En acceptant sa colère (ce qui ne veut pas dire accepter ses conséquences), vous lui montrez que vous l’acceptez avec sa part imparfaite, donc sa part humaine.
Essayez de penser que les émotions, dont la colère, ne sont ni bien ni mal en tant que telles !
Les émotions sont un mécanisme corporel normal, une réaction de notre cerveau à une situation qu’il perçoit comme un danger physique ou psychologique.
Et aprés, quand la colère est terminée ?
Bien évidemment, il faut très tôt lui montrer qu’il y a souvent des conséquences à sa colère : jouet cassé, assiette au sol et nettoyage à faire, retards etc…
Très tôt (dès 18 mois) vous pouvez lui demander de vous aider à nettoyer ou à mettre à la poubelle quelquechose qu’il a cassé (sauf le verre),.. et l’aider a comprendre qu’il y a un lien entre sa colère et l’objet cassé par ex.
Quoi faire d’autre ?
D’autre que l’accompagnement et les mots pour qu’il « apprenne » ses colères et pour l’aider à les apaiser plus vite ?
Chez les petits, la colère retombe souvent aussi vite qu’elle est montée, mais il en ressort triste, épuisé, ne comprenant pas ce qui s’est passé. A vous de mettre des mots pour lui raconter sans jugement.
•Vous pouvez lui proposer un coussin à colère (bien solide, qu’on peut mordre ou frapper, car le coussin n’a pas mal quand on le tape (contrairement à maman ou aux fréres et soeurs). Montrez-lui comment faire en faisant sortir vous-mêmes vos colères, vos frustrations ! Rien de tel que l’exemple, là aussi ! Encouragez-le même à frapper le coussin ou le canapé plus fort !
•Vous pouvez lui raconter sa colère ensuite comme si c’était arrivé à un petit personnage, faites-en une histoire et il va rajouter des détails si vous en oubliez (2-5 ans), ça permet de mettre à distance ce qui s’est passé, et de le « digérer », quitte à la raconter dans chaque situation difficile.
•Vous pouvez aussi bien sûr vous aider des livres sur le sujet. Il en existe beaucoup, à vous de choisir selon vos préférences. Toutefois, j’aime bien « la colère du Dragon » de Thierry Robberecht et Philippe Goosens, qui raconte du point de vue de l’enfant comment la colère arrive et envahit tout, au point de ne plus reconnaitre ceux qui sont autour, au point de ne plus rien contrôler.
A long terme
Encouragez-le dans son développement, en lui disant que peu à peu, il arrivera à canaliser sa colère, à la dire avec des mots, sans explosion de cris et de violence !
Ne le « cataloguez » pas en répétant à d’autres, qu’il est « coléreux ». Dites plutôt qu’en ce moment, il est facilement envahi par la colère, c’est déja très différent !
Et surtout ne culpabilisez pas si vous ne trouvez pas tout de suite comment réagir.
Cherchez dans vos souvenirs ce qui se passait pour vous enfant par rapport à la colère, la vôtre et celle de vos parents. Vous retrouverez peut-être des souvenirs enfouis qui, en redevenant conscients, vous aideront à apaiser vos réactions « en miroir » devant la colère de votre enfant.
Pour moi ça a été un grand progrès et un soulagement de m’apercevoir un jour que j’avais complètement intégré que la colère d’un enfant était la sienne, pas la mienne ! Je pouvais tout-à-fait m’en détacher et du coup l’aider avec plus de patience et surtout sans en être affectée.
J’espère que cet article vous aura donné quelques outils et pistes de réflexion pour vous sentir mieux, moins démunie quand votre petit enfant explose !
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A bientôt,
Martine de Vigan