Votre enfant fait des crises tous les soirs ? et encore plus le week-end ? Vous n’en pouvez plus d’avoir à vous battre sans cesse ?
Mais avez-vous essayé de repérer si çà arrive toujours aux mêmes heures, dans les mêmes situations ?
Je voudrais aujourdhui vous parler des crises dues à l’hypoglycémie, souvent méconnue ou sous-estimée par les parents, pour eux-mêmes et aussi pour leurs enfants. Je ne vous parle pas d’hypoglycémie « médicale », mais de baisse suffisante du taux de sucre dans le sang pour que plus rien n’aille normalement !
Les raisons des « crises » avec les tout-petits, surtout à partir de 18 mois environ, sont multiples, et épuisantes, mais certaines causes peuvent être assez faciles à éviter, ou à régler. Ce sont celles dues à des besoins physiologiques, hypoglycémie, sommeil, fatigue par ex.
Repérer ses rythmes
Toutes ces mini-actions, un peu contraignantes au début, vont vite devenir une seconde nature pour vous. C’est vraiment indispensable pour que votre bébé se sente en confiance, respecté, et du coup, plus serein, plus calme.
A l’inverse, les bébés qui ne vivent pas ces attentions sont souvent très tendus, tout le temps sur le qui-vive, souvent frustrés, pleurent nettement plus.
Cette attitude permet à l’enfant de développer son sentiment de sécurité, sa confiance dans les adultes qui s’occupent de lui, de prendre conscience qu’il existe en tant que personne, qu’il a de la valeur.
J’espère que ces quelques réflexions sur comment se mettre dès le début dans l’attitude, le regard nécessaire pour aller vers cette relation respectueuse envers votre enfant vous ont intéressé(e).
Ce qui est sûr, c’est que vous pouvez y trouver beaucoup plus de joie que l’attitude traditionnelle plus automatique, dirigiste et autoritaire.
Connaitre ses propres rythmes
En tant qu’adulte, capable de « prendre sur soi », (en principe !), connaissez-vous votre rythme biologique ? les moments où rien ne va ? ces « creux d’énergie », ces envies irrésistibles de dormir, qui vous gâchent une réunion, un diner entre amis, et vous demandent un effort intense pour rester concentré …et de bonne humeur ?
Il faut parfois longtemps dans la vie pour repérer que ces moments sont toujours dans la même situation, à la même heure, ou accentués les jours où des gentils collègues ont apporté des chouquettes !
Tous les enfants ont ce problème, bien qu’à des degrés divers, mais eux-mêmes ne peuvent pas l’analyser, ils ne peuvent pas reconnaître ces moments comme une « urgence » physique, un signal de leur corps, et surtout, avant au moins l’âge dit « de raison », ils ne peuvent pas « faire effort », et « prendre sur eux » pour attendre de manger…
Certains sont si mal qu’ils refusent de se mettre à table, ou repoussent le petit morceau de pain, de fruit ou autre , que vous leur proposez. Et même plus grands, jusqu’à l’âge adulte parfois, prétendent qu’ils n’ont pas faim ! ….mais vont mieux dès qu’ils ont mangé, même juste un petit bout de pain ou de fromage…
Quelques exemples vécus, qui peut-être vont vous parler :
– A l’heure des repas, surtout le soir, et à heure fixe vers 19h, Armand, 5 ans, tellement vif, joyeux et toujours actif, est complètement « zombie », et va s’asseoir inerte à table, mange de façon automatique, sans pouvoir parler ou s’interrompre, puis « revit » tout d’un coup 10-15 minutes après avoir commencé son repas. Avant chaque repas du week-end, plus tardifs qu’à l’école, il devient grincheux, et tout devient un problème insurmontable…
– Amélie, 3 ans, fait de vraies colères chaque soir juste avant de se mettre à table, souvent avant 19h pourtant !
– Anatole, 2 ans, lui, refuse carrément de venir à table et de manger, tellement il est mal !
Pourquoi ces moments si désagréables ?
Une des raisons principales est notre mauvaise gestion de la glycémie, c’est-à-dire du taux de sucre dans le sang.
Le cerveau est extrêmement sensible à la moindre variation de ce taux, et nous envoie des signaux dès qu’elle baisse tant soit peu, pour nous prévenir qu’il faut recharger les batteries.
Pour maintenir un taux constant de sucre dans le sang, et éviter une augmentation brutale de la glycémie quand on absorbe du sucre (sous toutes ses formes), le corps réagit en sécrétant de l’insuline, (par le pancréas).
L’insuline permet de mettre le surplus de sucre en réserve (sous forme de graisse) ; elle fait donc baisser assez brutalement le taux de glycémie, que le cerveau interprète comme une sensation de faim….etc..
C’est tout le problème du sucre, (surtout les sucres « rapides »), de crėer ce cercle vicieux : manger sucré, augmentation de la glycémie, sécrétion d’insuline, baisse de la glycémie, besoin de manger etc…
Dans nos pays de surconsommation, très peu d’enfants connaissent réellement l’impression de faim au niveau de l’estomac ! Les seuls qui connaissent vraiment cette impression sont dans une grande pauvreté, vrai scandale de nos pays riches !
Nous ne faisons pas assez le lien entre nos habitudes alimentaires, trop riches en sucres, et ses conséquences : irritabilité, fatigue, difficulté de concentration etc..
Dans ces moments-là, notre mental sait qu’on a mangé récemment, et en même temps le cerveau nous dit qu’il est en manque !
Il y a conflit entre la notion d’heure des repas, de quantité de nourriture absorbée et la chute de la glycémie, qui n’est pas reconnue comme telle.
On sait maintenant que la plupart d’entre nous n’ont pas l’impression de manger trop de sucre, et pourtant les chiffres montrent à quel point la consommation est excessive, soit de sucres directs (les boissons sucrées, les desserts, les gateaux, les bonbons) soit masqués dans quasiment TOUS les aliments industriels.
Beaucoup de problèmes et de crises en découlent, surtout les jours où vos enfants n’ont pas leur rythme habituel.
En crèche, chaque auxilliaire doit faire manger plusieurs enfants, (chacun son tour tant qu’ils sont bébés), chacun à son rythme, sans les bousculer, et en tenant compte si possible de l’heure du biberon du matin ou du petit déjeuner ; puis lui changer sa couche, le coucher et l’accompagner pour l’endormir. Cela avant de pouvoir prendre leur propre repas et recharger elles aussi leurs batteries ! Sachant que certains bébés ont pris leur biberon à 6h, voire avant, il est normal qu’ils aient faim vers 10h30 ou 11h !
A l’école, pour les petits, il faut souvent dans les cantines, faire 2 services en 2 heures, y compris trajets éventuels, lavage des mains, service et coupage des aliments etc..
Difficile de s’adapter à tous, et carrément impossible que tous mangent à la même heure !
Et les enfants ne profitent pas, eux, d’une « pause café » pour couper la matinée ou l’après-midi, alors même qu’ils ont couru pendant la récréation, ou même fait du sport!
Malgré de vrais progrès dans ce domaine, souvent ils n’ont pas bu de toute la matinée, bien que dans des locaux surchauffés !
Etant donné leur activité physique intense, l’énergie qu’ils mettent dans tout, on pourrait les considérer comme de vrais sportifs, pour lesquels on pense aux collations ou repas d’après-effort !
Et vous- mêmes, comment faites-vous ?
Appréciez-vous de boire chaud, de manger un fruit ou quelques amandes en milieu de matinée ? beaucoup d’enfants en auraient besoin !
Donc le week-end, le problème pour les tout-petits est particulièrement aigu : les adultes aimeraient ne pas avoir de contrainte de temps, et décalent les heures de repas et de sommeil par rapport aux habitudes de la semaine.
Hors les enfants, eux, ne peuvent pas changer, ils sont plus proches de leurs besoins biologiques.
Alors, comment faire ?
Il en va de votre tranquilité, et de la sérénité de votre week-end de comprendre qu’il ne s’agit pas de « vous en faire voir » , idée impossible chez les petits (et parfois jusqu’à au moins 8-10 ans !)
Il s’agit pour vous de comprendre les signaux, d’être attentifs aux habitudes de votre petit, pour pouvoir adapter au mieux vos activités, en respectant leurs besoins fondamentaux, même le week-end .
Mon but aujourd’hui est de vous convaincre qu‘il y a souvent un rapport direct entre d’une part l’alimentation de votre petit, les horaires bien sûr, la qualité de ses repas, et d’autre part la survenue de crises, de bouderies, de pleurs, qui vous épuisent et ont un effet négatif sur votre relation avec votre enfant.
Les bébés, tout explorateurs qu’ils soient, sont très casaniers, donc si vous devez décaler le repas et déjeuner tard, emportez TOUJOURS un petit en-cas.
Mais évitez absolument les gateaux, viennoiseries ou sucreries qui vont provoquer une hypoglycémie réactionnelle, et dont l’effet ne durera pas, le problème recommencera dans la 1/2 heure suivante !
Quand vous sortez ou changez les habitudes, en visite, en week-end, en vacances :
-bien sûr, ayez toujours de l’eau ! Un bébé de 6 mois peut boire à la bouteille ou au verre si nécessaire.
-emportez toujours une petite collation, adaptée à l’âge : par exemple pour les plus grands (plus de 3 ans) quelques amandes entières ; dès 2 ans quelques batonnets de carotte ; dès 1 an, un bout de fromage, voire seulement un morceau de pain, un fruit, mais SURTOUT PAS de biscuits, gras et sucrés.
Et laissez tomber l’idée selon laquelle ce serait du « grignotage », nocif à la santé, ne vous occupez pas des critiques de votre entourage ! Il s’agit là de moments exceptionnels, pas du quotidien, donc pas de problème ! Et même !
Pour un plus petit non-allaité, si vous n’êtes pas sûre d’être rentrée à temps (visites, reunions, consultation chez le médecin, courses, trajets en voiture) emportez tout son repas, ou au moins de quoi faire un biberon que vous donnerez à l’heure habituelle, où que vous soyiez, sans attendre d’arriver à destination (même si Mamie a préparé sa super-purée ou compote, elle comprendra), ou bien calculez vos heures de trajets pour lui donner dans tous les cas son repas au calme et à l’heure, c’est le plus sûr moyen pour vous de passer une journée agréable.
Quelques points encore :
– Osez demander, à la crèche ou à l’école, directement ou dans les réunions de parents, ou par l’intermédiaire des parents élus, ou de l’infirmière scolaire, si les enfants ont de quoi boire au moins une fois dans la matinée puis dans l’après-midi, même hors des périodes de canicule ? Surtout à l’école, ce n’est pas toujours le cas..
– Faites pression pour que le goûter ne soit pas sucré ou le moins possible.
Mon conseil principal pour finir, mais pas le plus facile : essayez de changer peu à peu vos habitudes alimentaires, et celles de vos enfants, diminuez les aliments sucrés. On peut le faire par tout-petits pas, très progressivement, c’est plus facile.
J’espère que cet article vous aura donné des pistes pour éviter au moins certaines crises récurrentes ! Dites-moi en commentaire votre expérience dans ce domaine, et si il y a d’autres sujets qui vous interesseraient particulièrement ! n’hésitez pas à partager avec vos amies !
à bientôt !
Martine de Vigan