Alphonse ou Tom ? Félicie ou Lilou ?
Dès le début de votre grossesse, vous y avez pensé ? Choisir un prénom pour bébé, c’est un des grands moments de la grossesse !
Avec le papa (ou co-parent), vous avez commencé à parler de prénom pour votre bébé à venir ? Vous avez ri de vos désaccords ou du choix impossible de l’autre ? « NON mais tu es sérieuse » ? « Ah non, quelle horreur, il n’en est pas question »!! Ou « j’aime bien, mais mes parents ne vont pas accepter « ! etc…
Je vous propose aujourd’hui une réflexion sur les prénoms, et ce qu’ils portent, et l’influence qu’ils peuvent avoir sur votre enfant
Mon propre prénom, Martine, était un des plus donnés dans les années 50. Il y avait l’actrice Martine Caroll, très en vogue à l’époque, et ce n’est pas un hasard si ce prénom a été repris pour une des premières séries de livres pour enfants (la série des « Martine « .)
Mes parents « aimaient bien » ce prénom, et niaient absolument avoir été sous une influence quelconque ! Pourtant, si je vous dis que ce prénom était à la mode…pouvez-vous imaginer que dans une classe de CE1, sur 21 enfants, il y avait 7 Martine, soit 1/3 de la classe ?
Traditions et histoire:
En France,
Selon les pays et les cultures, jusqu’à récemment les prénoms étaient très codifiés, les parents n’avaient pas vraiment le choix.
En France, les premiers enfants d’un couple portaient souvent le prénom d’un grand-père, d’une grand’mère, du parrain ou de la marraine. Et même, parfois, on donnait au nouveau-né le prénom d’un défunt récent de la famille, en l’honneur de celui-ci. On n’imaginait pas le préjudice psychologique que ça pouvait représenter,
Les prénoms étaient aussi très influencés par la religion, et le sont souvent encore. Dans une France majoritairement catholique, on donnait soit le nom du saint célébré le jour de la naissance de l’enfant, ou d’un saint régional, ou d’un saint dont on admirait la vie. Le but étant de placer l’enfant sous la protection du saint choisi.
C’est pourquoi beaucoup d’enfants avaient « Marie » dans leurs 3 ou 4 prénoms, garçons comme filles. C’était une façon de les « confier » à la protection de Marie (la mère de Jésus), considérée comme la mère de tous.
Les familles de culture juive ou protestante, utilisent encore souvent les prénoms très anciens de la Bible et des prophètes. De même pour les familles de tradition musulmane, les prénoms de prophètes, de sages ou de grands imams..
En plus des traditions religieuses, il est courant de nommer son enfant en hommage à un personnage qu’on admire. Actuellement, c’est souvent en référence à un acteur, un chanteur ou un personnage de série télévisée !
Dans chaque famille :
Même si vous n’avez pas été élevé(e) dans une tradition donnée, il me semble important de connaitre l’histoire de votre famille. Car ces notions générales vous influencent forcément, au moins de façon inconsciente, en positif ou en négatif.
C’est le sujet du film « le prénom » d’Alexandre de la Patellière, en 2012). Depuis la guerre de 39-45 et l’ignominie de l’extermination des juifs dans les camps de concentration, personne en France n’a osé donner à son enfant le vieux prénom d’Adolphe(Hitler), pourtant autrefois très courant et classique.
Ce film montre les catastrophes et disputes en chaine entre amis et famille pendant un diner. Un des convives, très provocateur, dévoile le prénom choisi (dit-il) pour son futur bébé . Je vous le conseille, vous passerez une bonne soirée, entre rire et larmes, et ça vous donnera une idée de tout ce qu’un prénom, autrefois banal, peut porter d’affect, d’idées et de symboles forts !
Dans nos societés « modernes » et laïques, qui se veulent tout le temps en renouvellement, sans référence au passé, ou en opposition avec les générations précédentes, il est toujours étonnant de voir à quel point les parents sont influencés par des modes, des courants. Combien de parents n’ont pas imaginé, selon les générations, que leur petits Stéphane, Guillaume, Valérie, Audrey, Kevin, ou récemment Raphaël, etc.. vivraient à leur tour ce qu’ont vécu les Martine de ma géneéation !
Et dans votre famille, quelle est la tendance ?
Le choix du prénom peut être un gage d’intégration (dans un pays ou dans un groupe)
C’est le cas des familles venues d’Asie, réfugiées des guerres du Vietnam ou du Cambodge, ou de Chine plus récemment, et dont les enfants ont tous reçu un prénom français traditionnel, même si il n’est utilisé qu’à l’école.
Je me souviens de ma surprise, lors d’une consultation, de recevoir une toute petite fille d’un mois, d’origine chinoise, portant mon prénom, Martine. Ce prénom n’est plus du tout donné en France depuis …environ 60 ans !! Mais, pour des familles d’une autre culture d’origine, il est impossible de savoir l’histoire d’un prénom et ce qu’il représente dans l’imaginaire collectif, ou s’il parait moderne ou vieillot.
Heureusement, la mixité sociale et culturelle actuelle a un effet trés positif : les enfants ne sont plus surpris par les prénoms de leurs copains. J’y vois un gros progrès de tolérance à venir.
Certains aussi veulent à tout prix un prénom « original », ou apparemment démodé. . Certains veulent se démarquer absolument, en pensant échapper aux influences, jusqu’à parfois ne plus imaginer les conséquences, les moqueries éventuelles à l’école, ou la difficulté de toujours devoir épeler un prénom compliqué ou inhabituel pour qu’il ne soit pas écorché.
Certains pensent que les prénoms correspondent à des caractères,
Ou à des façons d’être, voire même qu’ils sont porteurs de « malédiction ». C’est le cas quand par ex. 2 personnes du même prénom dans une famille ou dans un groupe ont subi un malheur, un accident…. Vous serez cirtiqué si vous appelez ainsi votre bébé.
C’est une habitude sympathique que de laisser le prénom secret jusqu’à la naissance. Mais ça peut aussi comporter des risques. Car s’il était dévoilé avant, vous apprendriez peut-être que c’etait le prénom d’un enfant mort d’accident, ou du grand-père qui s’est suicidé, ou a fini en prison, et ça vous éviterait de « marquer » votre bébé d’un lourd passé. Le risque étant que chacun repense à cet héritage chaque fois qu’il voit votre enfant. Il peut arriver aussi, pire, que par ce prénom, vous participiez à prolonger un secret de famille.
Si vos parents ou grands-parents réagissent mal à l’annonce du prénom de votre bébé, ne vous braquez pas. Poussez-les dans leurs retranchements, pour savoir ce qui les gêne dans ce choix. Vous apprendrez peut-être des choses intéressantes et vous pourrez soit en changer avant la naissance, soit en parler tout de suite à votre bébé, car son prénom ne le définit pas.
Je vous raconte ça pour que vous acceptiez l’idée que vous êtes forcément vous aussi, sous beaucoup d’influences. Certes il faut que vous aimiez le prénom de votre enfant, mais aussi que ce prénom, qui le suivra toute sa vie, ne risque pas de lui porter préjudice, à aucun moment.
Peu de gens aiment leur prénom. Beaucoup de psychologues se sont penchés sur l’influence des prénoms sur la personnalité de l’enfant. On peut en tirer des conclusions ou non. Pour moi c’est un sujet trop complexe pour en simplifier les résultats.
Le choix du prénom de votre enfant va vous amener à une réflexion sur vos valeurs,
Vous allez devoir réfléchir sur ce que vous voulez transmettre à votre enfant. Voulez-vous l’intégrer dans un héritage familial ou culturel ? Ou au contraire lui donner un nom plus neutre, qui le situera seulement dans son époque ? Ou carrément original dans l’espoir (souvent vain) qu’il ait un prénom unique ?
Faites-en un moment d’approfondissement de votre relation de couple. Ne soyez pas jugeant, acceptez les réticences et les goûts de l’autre. Il s’agit de construire votre famille, en bon équilibre entre vos 2 histoires.
Ce sera l’occasion de découvrir un peu plus la culture familiale de l’autre, de l’accepter sans la critiquer, et d‘intégrer le fait, pas toujours si facile, que votre enfant sera issu et partie de 2 « cultures ».
Pour finir :
Restez ouverts, vous allez peut-être complètement changer d’idée après une rencontre, une lecture ou autre. Mais notez ce que vous aviez choisi, pour garçon ou pour fille avant de connaître le genre de votre bébé. Ce sera plus tard amusant d’en parler avec lui/elle et de voir ses réactions !
N’oubliez pas que c’est votre enfant qui aura à porter ce nom toute sa vie, et à supporter les moqueries ou rejets éventuels.
Alors ? Avez-vous décidé du prénom de bébé ? Sur quels critères l’avez-vous choisi ?
Racontez-moi en commentaire comment ça se passe pour vous ? Quelles difficultés ça a peut-être soulevé dans votre famille, surtout si vous avez d’autres enfants ? Comment les avez-vous surmontées ?
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N’hésitez pas à partager cet article à de jeunes futurs parents que ça pourrait intéresser.
Très intéressant ce retour en arrière dans l’histoire des prénoms. J’ai entendu pas mal d’histoires de mon mari concernant le choix des prénoms dans sa famille (et notamment le fait qu’on reprenait systématiquement le prénom du grand-père pour le 1er garçon né). De notre côté, nous avons choisi des prénoms qui nous plaisaient à tous les 2 et qui, si possibles n’étaient pas déjà utilisés par des membres de nos familles respectives dont nous connaissons les prénoms, qu’ils soient en vie ou non. Des fois il nous a fallu plusieurs mois avant de tomber sur LE prénom qui faisait l’unanimité, surtout que nous avons à chaque fois choisi un prénom féminin et un masculin car nous ne voulions pas savoir si nous allions accueillir une fille ou un garçon. Même si nous avons choisi des prénoms plutôt « classiques », les gens ont toujours des réactions particulières quand ils découvrent le prénom choisi avec des commentaires personnels et des avis voire des critiques… Ca peut même devenir « intrusif ». Et ça rejoint bien ton article et l’importance qui peut être accordée aux prénoms! Merci de ce partage!
Merci, Viviane de ton retour de « vécu »…4 fois, ce n’est pas rien ! Contente que cet article t’ait plu !