Pas facile de trouver un titre pour un article sur le respect envers les tout-petits bébés !
Avec les tout-petits, on préconise actuellement d’être le plus possible dans le “maternage proximal”, et c’est une évolution positive ! Mais ça ne suffit pas !
Je ne suis pas fan de l’appellation “éducation bienveillante” ou “éducation positive”, car je pense profondément que tous les parents font du mieux qu’ils peuvent avec leurs enfants, et qu’il ne peut pas y avoir que des attitudes positives.
Je suis surtout pour une attitude respectueuse envers l’enfant en tant qu’individu unique, que les adultes doivent accompagner à développer le meilleur de lui-même, pour devenir un adulte confiant dans ses capacités, autonome et responsable, osant sa vie….et non pas seulement le formater selon des critères imposés par la famille ou la société.
Je voudrais vous soumettre dans cet article, quelques réflexions sur les tout-débuts de votre relation avec votre bébé. Car certaines habitudes peuvent d’emblée vous aider à instaurer la relation que vous souhaitez, non pas de pouvoir ou d’autorité, mais d’accompagnement respectueux.
Il me semble que c’est plus facile de commencer tôt, car c’est toujours plus long et difficile de changer des habitudes déjà installées.
Je rappelle à ceux que ça gênerait que j’utilise le terme générique de bébé au masculin certes, par facilité, mais qu’il s’agit aussi des bébés filles évidemment. Peut-être pourrais-je inventer le mot bébée, mis au féminin ?
Que faire dès les premiers jours ?
1/ changer de regard, le voir comme une personne à part entière, et pas seulement comme un petit être mignon comme un doudou..
Voir en permanence la personne qui se cache encore, non pas pour le responsabiliser trop tôt, mais pour imaginer qu’il sait déjà ce qui lui plait, qu’il a déjà ses goûts, ses ressentis, et donc qu’il peut déjà choisir certaines choses.
S’émerveiller, mais ne jamais considérer votre bébé comme une si mignone poupée vivante ! Ce qui implique aussi de ne pas parler de lui ou d’elle devant d’autres sans lui dire au moins “tu veux bien que je raconte à Mamie ce qui s’est passé hier ? etc…”
Un livre (puis le film) “le Scaphandre et le Papillon” m’avait fait ressentir fortement ce que les personnes physiquement dépendantes peuvent vivre, et donc les bébé(e)s aussi : c’est l’histoire de Jean-Dominique Bauby, atteint de “locked-in syndrom”, (traduction “enfermé dedans”), totalement paralysé, incapable de demander quoique ce soit, condamné à être manipulé comme s’il n’était pas là ! très instructif pour tous, parents, aidants, soignants !
2/ lui demander son avis, oui, oui …sur le plus de choses possibles quand ça le concerne ! L’extrême dépendance dans laquelle naissent les bébés humains nous pousse parfois à les bouger, les nourrir, les porter, les faire passer de bras en bras, sans jamais leur demander leur avis.
Par exemple, lui proposer la tétine avec des mots, avec toujours un temps d’attente, au lieu de lui enfoncer dans la bouche. Idem pour le sein ou le biberon.
Toujours lui demander s’il(elle) est d’accord avant de le prendre dans les bras, évidemment surtout si vous n’êtes pas l’un de ses parents. Je suis toujours étonnée d’entendre certains dire à la maman : “tu me le passes ?” sans adresser aucune demande au bébé lui-même.
Je vous assure que les bébés dès le début, savent dire oui ou refuser , on le voit nettement si on est attentif : ils se raidissent, font la grimace, pleurent, détournent les yeux, ou au contraire vous font leur plus beau sourire, vous regardent intensément ou, dès qu’ils savent faire, vous tendent les bras.
Le prévenir de ce qu’on lui fait, “je vais changer ta couche (et pas : “je vais te changer !!!) . “Je te pose sur ton tapis de jeux, tu me dis si ça te convient”….”Attention je vais te retourne sur le ventre”…Eviter de le soulever sans qu’il vous ait vu approcher, ou en le prenant par derrière !
S’il est réveillé, il travaille, tout le temps ! souvent très concentré sur ce qu’il regarde ! il n’appréciera pas d’être interrompu brutalement ! Prévenez-le autant que possible quelques minutes avant. Même tout petit, c’est une des façons douces d’apprendre à anticiper ce qui va se passer… et tout se fait plus en douceur.
Sur ce sujet, vous pouvez aussi aller lire (ou relire) mon article “faire la grue? la lionne ? ou comment soulever bébé ?” en cliquant sur ce lien : https://lanaissancedesmamans.fr/faire-la-grue-la-lionne-comment-soulever-bébé
3/ toujours lui demander la permission avant de l’embrasser, ne pas lui imposer ni lui voler des bisous, même en tant que maman ou papa ou si vous faites partie de son entourage proche.
4/ penser à son confort. Comment est placé son bras pendant la têtée , un vêtement le serre-t-il trop à certains endroits ? son nez est-il encombré ? son bonnet a glissé sur ses yeux…Est-il dans une position fatigante ou inconfortable depuis trop longtemps ?
En conclusion :
Toutes ces mini-actions, un peu contraignantes au début, vont vite devenir une seconde nature pour vous. C’est vraiment indispensable pour que votre bébé se sente en confiance, respecté, et du coup, plus serein, plus calme.
A l’inverse, les bébés qui ne vivent pas ces attentions sont souvent très tendus, tout le temps sur le qui-vive, souvent frustrés, pleurent nettement plus.
Cette attitude permet à l’enfant de developper son sentiment de securité, sa confiance dans les adultes qui s’occupent de lui, de prendre conscience qu’il existe en tant que personne, qu’il a de la valeur.
J’espère que ces quelques réflexions sur comment se mettre dès le début dans l’attitude, le regard nécessaire pour aller vers cette relation respectueuse envers votre enfant vous ont intéressé(e).
Ce qui est sûr, c’est que vous pouvez y trouver beaucoup plus de joie que l’attitude traditionnelle plus automatique, dirigiste et autoritaire.
Dites-moi en commentaire ce que vous en pensez, si ça vous semble difficile ou ridicule de parler à votre bébé comme à un adulte pour ce qui le concerne, de penser qu’il sait exprimer ce qu’il veut ou ne veut pas pour lui-même . Avez-vous d’autres idées à partager sur ce sujet, ou des anecdotes ?
Alors, à bientôt !
Martine de Vigan